Une nouvelle phobie

Adolescente, je savais qu’un jour j’aurai des enfants. C’était une certitude.

Jeune adulte, quand j’ai rencontré mon homme, j’ai su qu’il serait le père de mes enfants. Encore une autre certitude.

Par contre, une fois mariée, une fois l’idée de lancer les travaux pratiques pour bb1 une angoisse est apparue : et si nous n’arrivions pas à concevoir un enfant ? Cette inquiétude n’a pas perduré : Mlle Olympe s’est installée confortablement dans son cocon 2 mois après.

Pour bb2, de nouveau une petite anxiété : et si la 1ère fois c’était un coup de chance ? Mais non, visiblement, la machine roule bien : il ne nous a pas fallu attendre plus de 4 mois pour concevoir Miss Néphélie. D’ailleurs, mon mari et moi sommes tellement compatibles que P’tit Prince a fait son nid tout seul. Certes, je n’avais plus de contraception mais « on faisait attention ».

Aujourd’hui, j’ai la certitude que notre famille est au complet. Je ne ressens plus le désir de grossesse, l’envie d’un nouvel enfant. Tous les 5 on est parvenu à l’équilibre. Je suis comblée. Tout est parfait. Ces dernières années, nous nous sommes centrés sur notre famille, désormais, ensemble, nous nous ouvrons vers l’extérieur. Tout est parfait (bis).

OUI MAIS

(il y a toujours un « oui mais » non ?)

Cette harmonie est précaire. Comme tout bonheur. Il convient tous les jours de l’entretenir. Et clairement, avoir un nouvel enfant compromettrait grandement cette stabilité. De 1 par la fatigue que cela m’occasionnerait (déjà que je suis au bord de l’éreintement). De 2 par le fait que je ne sais pas si je serais capable de me dédoubler une fois de plus. En ce moment je parviens à trouver du temps pour chacun au prix de petit sacrifice (mon temps personnel quoi). Et clairement, si je réduis encore  mon temps à moi, je vais devenir folle. Littéralement. Je ne suis pas cette mère qui peut s’adonner totalement à sa famille. J’ai besoin de travailler, de sortir avec mes copines, de buller certaines après midi …. De 3, notre budget n’est pas extensible. Et là encore, je ne suis pas prête à faire plus de sacrifice.

Alors décidément non, avoir un autre enfant chamboulerait tout et je ne le souhaite pas. Nous ne le souhaitons pas je devrais préciser.

De ce fait, une nouvelle phobie est apparue. Au moindre retard je panique. Je suffoque. J’y pense continuellement.

A chaque rapport aussi.

Et si …… Pourvu que non …. Mon dieu, pourvu que non ……

Aujourd’hui, cette angoisse a atteint des sommets. Aujourd’hui, j’en suis à 7 jours de retard. Toute la journée, j’étais en extrême vigilance avec mon corps : cette crampe ne ressemble t elle pas à une douleur de règle ? Mon irritabilité n’est elle pas caractéristique du syndrome menstruel ? Mais il m’a bien fallu me résoudre à affronter la réalité : RIEN NE VIENT. Alors j’ai pris mon courage à deux mains et j’ai fait le test. Tremblante.

Je n’osais pas voir le résultat.

Dans ma tête, les idées fusaient telles des feux d’artifice. Et si … Et si … Et si …

Et si finalement avoir un 4 ème enfant ne serait pas catastrophique ? Et peut être que finalement, si je passe moins de temps sur l’ordinateur, si je deviens encore un peu moins tatillonne sur le ménage, si je m’astreins à ma liste de courses …. ça pourrait le faire. Quelle tête pourrait avoir ce nouvel enfant ? Aura t il les yeux bleus de ses sœurs et son frère ?

Et finalement

OUFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFF

car non, décidément ma vie actuelle est parfaite et je ne suis pas prête à la bousculer.

 

Claire, maman de 3 enfants splendides qui sont son équilibre précaire à préserver.