Défi de novembre 2014 – jour 17

Défi de novembre 2014 – jour 17

Ma phobie

J’ai une VRAI phobie. Je connais cette peur envahissante et tétanisante… même si je reconnais qu’elle est bête..

Je t’explique.

J’ai 7 ans, mes sœurs 3 ans 1/2. Elles sont mignonnes les jumelles mais elles sont aussi et surtout chiantes  : elles crient, font des colères monumentales, exigent … Leurs humeurs rythme et conditionnent l’ambiance de notre vie de famille. Ma mère est épuisée. Mon père peu investit. Alors par facilité, par lâcheté, ils cèdent aux caprices des deux petites tornades de 3 ans passé. Et si par chance, une activité les mobilise plus de 20 minutes, mes parents sont aux anges. A ce compte là, autant te dire que la télé tourne en boucle.

Mais revenons à moi : j’ai donc 7 ans et ma mère décide que je suis désormais ‘une grande’ ! Elle tente de me convaincre :  je suis une grande fille, courageuse, forte. De ce fait, il est temps que j’accepte d’éteindre ma petite loupiote la nuit et accepte de dormir dans le noir. Concrètement, elle n’est pas gênante ma douce lumière, elle n’indispose personne, c’est pas comme la lumière du couloir allumé pour les jumelles, mais c’est comme ça, ma mère a décidé que je devais m’en séparer. Par ce que je suis grande.

Peu de temps avant de m’imposer cette position, ma mère nous offre un cassette vidéo. Un chouette film elle dit ! Je me rappelle parfaitement comment elle nous l’a vendu : c’est pour vous apprendre que les différences ne doivent pas vous faire peur et que l’amitié  peut faire des miracles. Je l’entends articuler parfaitement ces mots précis. Ma mère nous a donc acheté la cassette du film E.T de Spileberg. Dès le 1er visionnage j’ai peur. L’ambiance du début est angoissante. Le personnage est inquiétant et très réaliste à mes yeux d’enfant.

Bien sur, à l’inverse, mes soeurs adorent ! Et comme il les occupe 1h30, ce film passe en boucle. Le soir, ma mère en me couchant m’éteint ma lumière. Comme convenu. Seul dans le noir mon cerveau carbure à fonds : j’imagine l’inquiétant E.T venir, me solliciter pour jouer, m’emmener avec lui, m’arracher de ma famille … J’ai peur. Terriblement. Mais je ne peux pas le dire !! Souvient toi, je suis une grande fille courageuse et forte.

Depuis, la petite fille terrifiée est toujours enfoui en moi. Je ne peux pas voir l’image de ce film sans sursauter et pousser un cri. Incontrôlable. D’ailleurs, mon homme est obligé de passer devant moi dans les rayons DVD pour retourner l’image d’E.T si par malheur, elle est visible. Si par malheur je vois l’image ou que l’on m’en parle (comme pour l’écriture de ce billet),  je sais que je vais très mal dormir. Ce simple petit extra terrestre cristallise toute mes peurs : peur de l’abandon, peur de la différence, peur de la séparation, peur du noir …

Je reconnais que c’est bête mais le soir, seul, je m’imagine des sons, une image d’E.T et je tremble. Je me contrôle hein, je ne panique pas …. mais j’ai peur. C’est viscéral. Animal. Instinctif.

Une vrai phobie donc.

Pourtant j’ai tenté d’affronter ma peur : j’ai revu le film. J’ai bien constaté que le personnage était en papier mâché ! J’ai bien conscience que c’est une histoire et en rien la réalité. Je comprends que c’est un film positif et tout et tout mais quoi qu’il en soit, je ressens toujours cette panique envahissante. Ces émotions sont coupées de la réalité, de la conscience.

Bref, j’ai une vraie phobie quoi… et je vais arrêter de t’en parler sous peine de me déclencher une crise de panique (surtout que j’écris ce post tard ce soir alors que mon homme est au sport).

Claire, à deux doigts de la crise de nerf